Ça y est ! Nous sommes enfin rentrés dans la crise. Il en aura fallu du temps pour ne voir que des pauvres ou de futurs pauvres à la télévision. C’était tout de même bizarre, le mot crise était dans l’air du temps, mais les gens semblaient rester sereins.
C’est bien connu : tant qu’une chose ne passe pas dans les médias, elle n’existe pas. Certes la crise était tout de même effleurée. Des chiffres à 12 zéros nous provenaient des Etats-Unis, des secteurs économiques commençaient à pleurer auprès des gouvernements, des indices boursier chutaient de 10% dans la journée… Mais tout ceci restait bien lointain, irréel pour le consommateur de médias moyen. Dans la vie quotidienne, rien ne changeait réellement sinon qu’on était plus circonspect envers le discours de son banquier.
Cette frivolité dans le traitement de la crise me semblait même trop étrange pour être honnête. J’y ait même vu à un moment une machination pour pousser les gens à ne pas paniquer et surtout pour les inciter à maintenir leur consommation. Les analystes économiques ou politiques que l’on pouvait entendre ou lire étaient en effet à peu près tous optimistes. Ils pointaient du doigt la finance surtout américaine, tout en relativisant les impacts de ces turbulences sur l’économie réelle.
Puis, tout à coup, sans même vraiment avoir le temps de s’en apercevoir nous y sommes. La crise est devenue le fil rouge de l’actualité, la matrice de la plupart des sujets traités. La télé réalité de la pauvreté et de la déchéance sociale peut commencer : fermetures d’usines, plans sociaux, grèves, explosion du chômage, fins de mois difficiles, petits boulots, surendettement, vie chère… Les médias ont enfin trouvé un os à ranger, et la population a maintenant l’impression que l’on court à la catastrophe.
Tant que la crise n’était pas génératrice d’images misérabilistes (difficile de s’apitoyer sur un banquier), les gens s’en moquaient alors que n’importe quel initié (j’exclus ici les fameux « analystes » télévisuels) savaient que la situation était catastrophique. Maintenant les gens ont peur, alors même que les initiés, peut-être par lassitude, commencent à relativiser et à se projeter à nouveau dans l’avenir. Certes, il y a encore des Cassandres qui prédisent le pire, mais certains en ont tout simplement marre d’être négatifs. La noirceur de leur état d’esprit commence à leur gâcher la vie et à compromettre leur avenir.
Ainsi, on recommence à parler de rebond sur les marchés, même si certains rigolent à cette simple idée. Obama nous explique que l’Amérique ressortira plus forte de cette crise. Quoi de plus optimiste qu’un « Yes, we can » ? Cependant la population commence à douter. Elle commence tout simplement à avoir peur en observant tous les mois les chiffres du chômage, en regardant avec stupeur des « reportages » sur des familles à la dérive.
Il y a donc un très net découplage entre les effets de la crise et leur perception par l’opinion publique. Les médias sont pendant longtemps restés à la traîne parce qu’ils attendaient des retombées concrètes. Maintenant que celles-ci se multiplient, ils se jettent avidement sur ce sujet. Quand ils se calmeront et lâcheront ce thème à la mode, la crise aura-t-elle réellement pris fin ? Peut-être que ce nouveau vide médiatique sera au contraire annonciateur d’un prochain gouffre qui ne sera révélé au monde que le jour où il passera bien à la télé.
E.B. // Moneyzine
C’est bien connu : tant qu’une chose ne passe pas dans les médias, elle n’existe pas. Certes la crise était tout de même effleurée. Des chiffres à 12 zéros nous provenaient des Etats-Unis, des secteurs économiques commençaient à pleurer auprès des gouvernements, des indices boursier chutaient de 10% dans la journée… Mais tout ceci restait bien lointain, irréel pour le consommateur de médias moyen. Dans la vie quotidienne, rien ne changeait réellement sinon qu’on était plus circonspect envers le discours de son banquier.
Cette frivolité dans le traitement de la crise me semblait même trop étrange pour être honnête. J’y ait même vu à un moment une machination pour pousser les gens à ne pas paniquer et surtout pour les inciter à maintenir leur consommation. Les analystes économiques ou politiques que l’on pouvait entendre ou lire étaient en effet à peu près tous optimistes. Ils pointaient du doigt la finance surtout américaine, tout en relativisant les impacts de ces turbulences sur l’économie réelle.
Puis, tout à coup, sans même vraiment avoir le temps de s’en apercevoir nous y sommes. La crise est devenue le fil rouge de l’actualité, la matrice de la plupart des sujets traités. La télé réalité de la pauvreté et de la déchéance sociale peut commencer : fermetures d’usines, plans sociaux, grèves, explosion du chômage, fins de mois difficiles, petits boulots, surendettement, vie chère… Les médias ont enfin trouvé un os à ranger, et la population a maintenant l’impression que l’on court à la catastrophe.
Tant que la crise n’était pas génératrice d’images misérabilistes (difficile de s’apitoyer sur un banquier), les gens s’en moquaient alors que n’importe quel initié (j’exclus ici les fameux « analystes » télévisuels) savaient que la situation était catastrophique. Maintenant les gens ont peur, alors même que les initiés, peut-être par lassitude, commencent à relativiser et à se projeter à nouveau dans l’avenir. Certes, il y a encore des Cassandres qui prédisent le pire, mais certains en ont tout simplement marre d’être négatifs. La noirceur de leur état d’esprit commence à leur gâcher la vie et à compromettre leur avenir.
Ainsi, on recommence à parler de rebond sur les marchés, même si certains rigolent à cette simple idée. Obama nous explique que l’Amérique ressortira plus forte de cette crise. Quoi de plus optimiste qu’un « Yes, we can » ? Cependant la population commence à douter. Elle commence tout simplement à avoir peur en observant tous les mois les chiffres du chômage, en regardant avec stupeur des « reportages » sur des familles à la dérive.
Il y a donc un très net découplage entre les effets de la crise et leur perception par l’opinion publique. Les médias sont pendant longtemps restés à la traîne parce qu’ils attendaient des retombées concrètes. Maintenant que celles-ci se multiplient, ils se jettent avidement sur ce sujet. Quand ils se calmeront et lâcheront ce thème à la mode, la crise aura-t-elle réellement pris fin ? Peut-être que ce nouveau vide médiatique sera au contraire annonciateur d’un prochain gouffre qui ne sera révélé au monde que le jour où il passera bien à la télé.
E.B. // Moneyzine
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