Comme en chaque début d’année, s'ouvre la saison des résultats annuels des grandes entreprises. Bien entendu, ces chiffres portent sur l’exercice de l’année précédente : en ce début de l’année 2009, ce sont donc les performances sur 2008 qui sont publiées.
En ces temps économiques troublés, des chiffres anormalement élevés apparaîtraient douteux voire moralement condamnables. Et cette fois-ci les détracteurs du capitalisme ne sont pas déçus : record du monde des profits pour ExxonMobil avec 45 milliards de dollars de bénéfice en 2008 (soit à peu près le PIB annuel de la Slovénie)… Mais les entreprises françaises ne sont pas en reste : 14 milliards d'euros pour Total (PIB annuel de la Côte d’Ivoire) ou encore Société Générale avec 2 milliards d’euros (seulement le PIB annuel de la Mauritanie)…
Ainsi, des voix commencent à s’élever et à pointer du doigt ces profiteurs qui eux ne connaîtraient pas la crise. De beaux discours, souvent teintés de démagogie, demandent une redistribution contrainte des bénéfices aux employés ou à la collectivité publique plutôt qu’aux actionnaires ! Certains politiciens voudraient s’immiscer dans la vie des entreprises pour décider de l’allocation de ces profits selon une règle des trois tiers (un pour les investissements, un pour les employés, un pour les actionnaires) sans réelle justification autre que de feindre un certain penchant pour la justice sociale.
Si les bénéfices sont hauts, les dividendes versés aux actionnaires en 2009 ont toutes les chances de connaître aussi des niveaux records. Seulement, avec un indice boursier parisien qui a perdu 43 % de sa valeur, ces bons chiffres n’apporteront qu’une maigre consolation aux investisseurs dont le patrimoine a fondu quasiment de moitié.
En stigmatisant les actionnaires (qui prennent des risques en investissant leur argent), les entreprises (qui sont sources de richesses, d’emplois et accessoirement de rentrées fiscales), les détracteurs du profit jouent un jeu bien dangereux : pour un soi-disant mieux-être social, il condamnerait le bien-être économique, comme si celui-ci pouvait être appréhendé indépendamment du socle social duquel il dépend.
Mais surtout, ces personnes semblent hélas méconnaître les décalages souvent observés entre les résultats et la production. Il était unanimement prévu que 2008 soit une année record en terme de bénéfices pour les sociétés du CAC 40 (les trois premiers trimestres ayant été plutôt bons). Certes, il peut paraître étrange d'annoncer de telles sommes en pleine crise. Mais à l’inverse, les chiffres des années à venir risquent d’être assez mauvais. Les dividendes versés en 2009 ou 2010 devraient alors être très inférieurs, alors même que l'activité sera peut-être en train de repartir !
Ainsi, il apparaît toujours dangereux d’introduire une notion morale pour analyser des mécanismes économiques. Mais certains hommes politiques sautent aujourd’hui sur cette trop belle occasion pour tenter d’accroître leurs prérogatives et pour s’auréoler d’une image plus « sociale ».
Seulement, c’est en interférant avec la sphère économique que les hommes politiques sont souvent le plus dangereux. On l’a observé aux Etats-Unis avec la garantie implicite de l’Etat sur des prêts subprime qui n’auraient pas été octroyés dans un marché non-biaisé par la puissance publique, étant donné que les banques n’auraient jamais pris le risque de prêter à des personnes non solvables.
Mais certains décideurs politiques ne sont pas à une contradiction près. La France a récemment décidé d’accorder des crédits à ces deux principales entreprises automobiles. Je rappelle que ces constructeurs ne sont pas comme aux Etats-Unis menacés d’une éventuelle faillite. Si PSA a accusé une perte modeste en 2008 (343 millions d’euros), Renault a annoncé un bénéfice de 599 millions d’euros sur la même période.
Dans une économie de marché, quand une entreprise connaît un certain ralentissement, qui est mis à contribution pour tenter de relever la situation en adaptant les investissements et les stratégies commerciales ? Les actionnaires qui vont voir leur dividende diminuer, d’une part parce que l’activité est moins bonne, d’autre part parce que l’entreprise a besoin de fonds pour réagir.
Pourtant, en France, l’Etat décide d’abord d’un plan de relance automobile, financé en gageant les recettes des contribuables. Puis, dans un second temps, il s’inquiète des dividendes reversés aux actionnaires et fait pression sur l’entreprise pour qu’elle y renonce. Ainsi, non content de s’immiscer dans les décisions qui relève normalement du seul conseil d’administration, l’Etat veut également décider des choix stratégiques à la place de l’entreprise en imposant un arrêt des licenciements et des délocalisations. Même l’économiste Bernard Maris, clairement positionné à gauche, s’insurge sur ce rôle de l’Etat imposant aux entreprises de jouer un rôle de sécurité sociale à la place des organismes publics concernés (notamment le fameux Pôle Emploi ).
En conclusion, on peut donc observer que dès lors que l’Etat vient perturber une sphère économique basée sur des interrelations complexes, son intervention induit des effets pervers peu maîtrisables. En voulant se substituer à des acteurs mobilisés par les lois du marché, l’Etat crée des exceptions entraînant des réactions en chaîne (garanties illégitimes, redistribution forcée au profit d’un secteur, déresponsabilisation des décideurs, chasses aux subventions, condamnation de la finance et du profit… ). Ainsi, en voulant donner à l’opinion l’impression d’agir, les politiciens ne font souvent que préparer les nouveaux problèmes auxquels ils seront confrontés demain.
E.B. // Moneyzine
En ces temps économiques troublés, des chiffres anormalement élevés apparaîtraient douteux voire moralement condamnables. Et cette fois-ci les détracteurs du capitalisme ne sont pas déçus : record du monde des profits pour ExxonMobil avec 45 milliards de dollars de bénéfice en 2008 (soit à peu près le PIB annuel de la Slovénie)… Mais les entreprises françaises ne sont pas en reste : 14 milliards d'euros pour Total (PIB annuel de la Côte d’Ivoire) ou encore Société Générale avec 2 milliards d’euros (seulement le PIB annuel de la Mauritanie)…
Ainsi, des voix commencent à s’élever et à pointer du doigt ces profiteurs qui eux ne connaîtraient pas la crise. De beaux discours, souvent teintés de démagogie, demandent une redistribution contrainte des bénéfices aux employés ou à la collectivité publique plutôt qu’aux actionnaires ! Certains politiciens voudraient s’immiscer dans la vie des entreprises pour décider de l’allocation de ces profits selon une règle des trois tiers (un pour les investissements, un pour les employés, un pour les actionnaires) sans réelle justification autre que de feindre un certain penchant pour la justice sociale.
Si les bénéfices sont hauts, les dividendes versés aux actionnaires en 2009 ont toutes les chances de connaître aussi des niveaux records. Seulement, avec un indice boursier parisien qui a perdu 43 % de sa valeur, ces bons chiffres n’apporteront qu’une maigre consolation aux investisseurs dont le patrimoine a fondu quasiment de moitié.
En stigmatisant les actionnaires (qui prennent des risques en investissant leur argent), les entreprises (qui sont sources de richesses, d’emplois et accessoirement de rentrées fiscales), les détracteurs du profit jouent un jeu bien dangereux : pour un soi-disant mieux-être social, il condamnerait le bien-être économique, comme si celui-ci pouvait être appréhendé indépendamment du socle social duquel il dépend.
Mais surtout, ces personnes semblent hélas méconnaître les décalages souvent observés entre les résultats et la production. Il était unanimement prévu que 2008 soit une année record en terme de bénéfices pour les sociétés du CAC 40 (les trois premiers trimestres ayant été plutôt bons). Certes, il peut paraître étrange d'annoncer de telles sommes en pleine crise. Mais à l’inverse, les chiffres des années à venir risquent d’être assez mauvais. Les dividendes versés en 2009 ou 2010 devraient alors être très inférieurs, alors même que l'activité sera peut-être en train de repartir !
Ainsi, il apparaît toujours dangereux d’introduire une notion morale pour analyser des mécanismes économiques. Mais certains hommes politiques sautent aujourd’hui sur cette trop belle occasion pour tenter d’accroître leurs prérogatives et pour s’auréoler d’une image plus « sociale ».
Seulement, c’est en interférant avec la sphère économique que les hommes politiques sont souvent le plus dangereux. On l’a observé aux Etats-Unis avec la garantie implicite de l’Etat sur des prêts subprime qui n’auraient pas été octroyés dans un marché non-biaisé par la puissance publique, étant donné que les banques n’auraient jamais pris le risque de prêter à des personnes non solvables.
Mais certains décideurs politiques ne sont pas à une contradiction près. La France a récemment décidé d’accorder des crédits à ces deux principales entreprises automobiles. Je rappelle que ces constructeurs ne sont pas comme aux Etats-Unis menacés d’une éventuelle faillite. Si PSA a accusé une perte modeste en 2008 (343 millions d’euros), Renault a annoncé un bénéfice de 599 millions d’euros sur la même période.
Dans une économie de marché, quand une entreprise connaît un certain ralentissement, qui est mis à contribution pour tenter de relever la situation en adaptant les investissements et les stratégies commerciales ? Les actionnaires qui vont voir leur dividende diminuer, d’une part parce que l’activité est moins bonne, d’autre part parce que l’entreprise a besoin de fonds pour réagir.
Pourtant, en France, l’Etat décide d’abord d’un plan de relance automobile, financé en gageant les recettes des contribuables. Puis, dans un second temps, il s’inquiète des dividendes reversés aux actionnaires et fait pression sur l’entreprise pour qu’elle y renonce. Ainsi, non content de s’immiscer dans les décisions qui relève normalement du seul conseil d’administration, l’Etat veut également décider des choix stratégiques à la place de l’entreprise en imposant un arrêt des licenciements et des délocalisations. Même l’économiste Bernard Maris, clairement positionné à gauche, s’insurge sur ce rôle de l’Etat imposant aux entreprises de jouer un rôle de sécurité sociale à la place des organismes publics concernés (notamment le fameux Pôle Emploi ).
En conclusion, on peut donc observer que dès lors que l’Etat vient perturber une sphère économique basée sur des interrelations complexes, son intervention induit des effets pervers peu maîtrisables. En voulant se substituer à des acteurs mobilisés par les lois du marché, l’Etat crée des exceptions entraînant des réactions en chaîne (garanties illégitimes, redistribution forcée au profit d’un secteur, déresponsabilisation des décideurs, chasses aux subventions, condamnation de la finance et du profit… ). Ainsi, en voulant donner à l’opinion l’impression d’agir, les politiciens ne font souvent que préparer les nouveaux problèmes auxquels ils seront confrontés demain.
E.B. // Moneyzine
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