mercredi 30 avril 2008

Nostalgie boursière

René Tendron à l'émission Apostrophes - source:INA J'ai très vite été fasciné par le monde de la Bourse dès mon enfance. A l'époque, j'attendais patiemment la fin du journal d'Yves Mourousi pour enfin écouter René Tendron et sa fameuse moustache (voir ci-contre) en direct du Palais Brongniart (et oui, ça s'écrit bien de cette façon) qui nous donnait le prix des plus fortes hausses et baisses en francs, ainsi que le prix du lingot d'or et du Napoléon (qui constituaient alors le fond de portefeuille de tout bon père de famille).

J'avoue que j'avais un peu oublié toute cette époque, mais je suis tombé récemment sur une image de Catherine Deneuve, et là, telle la madeleine de Proust, mes précoces souvenirs financiers ont ressurgi instantanément.

Nous sommes en 1987 et, grande première, une publicité pour acheter des actions d'une société bientôt privatisée passe à la télévision. Suez a choisi Catherine Deneuve qui, en femme d'affaires avisée, nous dit qu'elle va souscrire à l'introduction en Bourse, parce qu'elle croit en cette belle banque de Suez (c'était à l'époque une compagnie financière). J'avais alors 13 ans, et horreur, impossible de devenir actionnaire. Je me souviens avoir harcelé ma mère pour qu'elle ouvre un compte-titres et achète quelques actions (l'effet Catherine). Ce ne fût pas réellement une bonne affaire étant donné les prix de courtage et de droits de garde pratiqués à l'époque, mais j'étais aussi content que si j'avais eu une boîte de Lego pour Noël (tel le jeune capitaliste téléphage insouciant de mon époque).

Catherine nous donnait envie d'acheter du Suez

Mais à ce même moment, je ne me doutais pas que c'était déjà la fin d'une ère. En effet, en cette même année 1987, ce fut également la fermeture de la corbeille à la Bourse de Paris. Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, ou qui n'étaient pas encore nés, on ne parlait pas alors de traders mais d'agents de change. Ces derniers se réunissaient autour d'un tas de sable (où ils pouvaient jeter les cendres de leurs cigares !!!) derrière une palissade molletonnée de velours rouge, pour crier leurs ordres d'achats et de ventes.

Comme pour le poisson, la négociation se passait à la criée et étaient réservée aux initiés qui possédaient le vocabulaire et les gestes appropriés et incompréhensibles pour nous pauvres profanes. Bref, c'était beaucoup plus énigmatique et envoûtant qu'aujourd'hui où, pour tout reportage sur les questions boursières, on nous montre inlassablement les mêmes images froides de salles de marché avec 3 écrans d'ordinateurs au m² qui clignotent en rouge et vert. Mais bon, vous vous dites que je deviens un peu trop nostalgique.

A vrai dire, je ne suis pas du genre à idéaliser le passé. Néanmoins, j'ai regardé la semaine dernière un reportage sur France 5 intitulé "Traders, les maîtres de la bourse". Loin de mes souvenirs de golden boys de la fin des années 80 (même s'il y en a encore certains), ce reportage présentaient plusieurs portraits de traders d'aujourd'hui. Quelques-uns s'en sortaient pas mal financièrement (rien d'extraordinaire pour autant), mais ce n'était pas le plus important. Ce qui ressortait, c'était avant tout le stress, la solitude, les doutes vis-à-vis du marché qui ronge incessamment l'esprit.

Je fus surtout marqué par ce jeune Français exilé à Londres (toujours présentée comme l'eldorado ultime du trader européen) et qui travaillait pour une société de courtage. Toute la journée, il se faisait traiter plus ou moins comme un chien au téléphone par ses clients, disposait seulement de 5 minutes pour aller s'acheter un sandwich club au Marks & Spencer local, travaillait comme un fou et tout cela pour... 2 500 euros par mois ! Autant dire qu'il était contraint de vivre en collocation dans une banlieue très éloignée de la City. Comment alors voulez-vous faire rêver qui que ce soit ? Catherine reviens ! Non, c'est sûr, la Bourse : c'était mieux avant...

E.B. // Moneyzine

dimanche 20 avril 2008

Le marché respire encore... est-ce bon signe ?

Alors finie ou pas finie cette crise financière... excusez-moi, cette crise de solvabilité... de confiance... bref cette crise (c'est vrai que tout seul, le mot fait beaucoup plus peur).

Selon Patrick Artus, directeur des études économiques chez Natixis (un peu bling-bling ce titre sur une carte de visite quand même), interviewé dans le magazine Challenges, et qui revient des Etats-Unis nous précise-t-on (alors là c'est sûr il sait de quoi il parle), c'est simple : "La crise financière est finie". J'adore ce genre d'analyse, aucun argument : c'est bon je sais, j'ai vu, je reviens des States, vous pouvez y aller. Inutile de préciser que le titre Natixis a perdu environ 46% en un an, ce monsieur sait de quoi il parle...

Plus sérieusement, serait bien malin celui qui pourrait nous dire avec certitude si le CAC 40 va dépasser les 5000 points de manière durable ou s'il va retomber tel un soufflé servi trop tard vers les 4500 points. Peut-être que oui, peut-être que non : bref la fameuse réponse du trader normand (je rappelle que Jérome Kerviel n'est pas normand mais breton. On s'en serait douté...)
Vous allez me dire, rien de très neuf. Les optimistes achètent, les pessimistes vendent à découvert. Mais ce constat apparaît encore plus marqué que d'habitude et depuis quelques jours il n'y a plus de tendance clairement établie : on dit que le marché entre dans une phase de respiration.

L'incertitude étant chronique, la frénésie habituelle se ramollit : les traders prennent-ils plus de vacances ou de lexomil ? Toujours est-il que les volumes échangés deviennent très modestes, que la moyenne mobile à 50 jours s'applatit désespérement : bref la déprime.

L'indice CAC 40 depuis 3 mois : vous voyez il respire

Comme on s'embête, ceux qui restent s'amusent à se faire peur. La semaine dernière sur General Electric à Wall Street (quasiment 13 % en une séance à cause d'un bénéfice net en recul de 12% ce qui l'amène seulement à 4,4 milliards de $, ouh la la). Ou alors sur L'Oreal à Paris qui a perdu plus de 7% en une séance à cause d'un chiffre d'affaires en progression de 5,1% alors que JPMorgan prévoyait 6,3%... trop dur.

Je vais avais dit, c'est pathétique... et peu digne de figurer dans un film d'horreur. On dit certes que le marché est volatil mais cela ne concerne en fait que quelques valeurs précises, pour le reste, c'est le calme plat (cette fameuse respiration du marché). En fait, comme personne ne fait grand chose, un petit BOUH et tout le monde se met à vendre sans vraiment réfléchir, mais bon pendant ce temps on fait au moins quelque chose...

En attendant que le marché reprennent une direction nettement baissière ou haussière, et qu'il n'ait plus le temps de respirer (nous non plus), c'est peut-être le moment pour nous de prendre des vacances, de réfléchir à d'autres formes d'investissements, de lire des livres (si, si, Tonton Warren l'a dit)... Je sais, c'est dur, mais vous allez y arriver.

E.B. // Moneyzine

vendredi 11 avril 2008

Les bons conseils de Tonton Warren

Depuis qu'il est devenu l'homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 62 milliards de $ par le magazine Forbes dans son classement 2008, Warren Buffet est devenu une sorte de légende vivante, sorte de gourou du monde de l'investissement, divinement surnommé "l'Oracle d'Omaha".

Outre son sens des affaires, l'homme est également connu pour ses conseils pleins de bon sens et de sagesse qu'il offre au monde sous la forme de citations plus ou moins énigmatiques comme par exemple :

"Si vous ne connaissez pas les bijoux, connaissez le bijoutier"

"Ne demandez jamais à un coiffeur si vous avez besoin d’une coupe de cheveux"

Bon d'accord, avouez que ça vous fait sourire, ce côté phrase à deux balles qu'on peut trouver dans tous les bons vieux almanachs qui se devaient d'offrir un bon conseil par jour. Sauf que la bourse s'enrhume, que votre portefeuille a au moins pris 10% dans la vue depuis le début de l'année, et que ce bon Warren caracole en tête avec ses 62 patates transgéniques.

Il a bien raison de se moquer de nous. D'ailleurs il persiste et signe : si vous voulez profiter de ses recettes, il vend un livre (17,58 euros sur Amazon) 24 leçons pour gagner en Bourse où il reprend ses bons conseils du style :

"Investissez dans des entreprises et non dans des actions"

"Le bon moment pour investir est quand personne ne veut acheter"

Si je comprends bien, il va falloir sur ruer sur le dollar ou les maisons à Cleveland... Bon allez, j'arrête il serait capable de me faire un procès.

Et non Warren ne se moque pas de nous, mais de tous ces jeunes loups qui croient en l'argent facile et qui pleurent comme des enfants quand leurs nouveaux joujous financiers ne fonctionnement plus comme ils veulent (merci la titrisation !)

Warren, tel le vieux sage qui vit encore dans sa maison d'Omaha achetée 31 500 $ en 1957, regarde en rigolant les erreurs qu'il a du lui-même connaître dans sa jeunesse. Mais très tôt il eu assez de recul pour redonner toute sa place à la réflexion, à la simplicité et à la lenteur (il nous conseille de lire des livres pour comprendre dans quoi on investit, c'est dingue !). Il sait aujourd'hui que le temps donne toujours raison à ceux qui savent attendre (ça y est, je me mets à parler comme lui).

C'est ainsi qu'il doit sans doute apprécier la nouvelle plate-forme de négociation Alternativa qui propose d'investir dans le capital de PME à travers des titres côtés une seule fois par mois ! Vous avez le temps de voir venir, de lire et de comprendre. Pas de décision hasardeuse prise sans vraiment réfléchir car complètement grisé et aveuglé par le marché. Au moins si vous vous trompez, vous saurez à qui vous en prendre...

Allez une petite dernière en conclusion, ça vous fera réfléchir cette nuit :

"Quand on est dans un trou, la pire chose à faire est de continuer de creuser"

E.B. // Moneyzine

lundi 7 avril 2008

Forex : le nouveau casino online

Depuis quelques mois, de nombreux sites de trading (Saxobank, IGMarkets, iForex, etc.) proposent d'accéder au FOREX (Foreign Exchange) c'est-à-dire au marché des changes où sont échangées les devises entre elles.

Cette nouvelle opportunité d'investissement paraît très alléchante :

Premièrement, Il n'y pas de commission étant donné que le courtier se rémunère sur le PIP (Price Interest Point), c'est-à-dire pour faire simple sur la différence entre le prix d'achat et le prix de vente d'une devise.

Deuxièmement, avec la volatilité de certaines devises, notamment du couple infernal euro/dollar (eur/usd), on se dit qu'il y a de l'argent facile à faire, surtout que l'équivalent de 3000 milliards de $ environ s'échangent quotidiennement sur ce marché. On imagine qu'on va bien réussir à en grapiller quelques miettes, qu'avec notre petit budget, on ne risque pas trop de se faire remarquer.

Troisièmement, la plupart des plate-formes proposent de s'entraîner avec un compte virtuel (souvent de 100 000 $). Alors une fois inscrit, on se lâche, on tente les opérations les plus folles (c'est toujours plus faciles quand ce n'est pas notre argent) et puis on gagne, et même pas mal du tout. On commence déjà à imaginer des folies et on s'inscrit alors avec du vrai argent.

Bon, allez vous vous dites, il a perdu, il est aigri... moi, je suis plus fort que lui, je vais l'avoir cette nouvelle voiture de sport pour frimer... Sachez que beaucoup de mes amis, par ailleurs très bons spéculateurs sur les marchés classiques, se sont brûlés les ailes tout comme moi.

D'abord, à moins que vous soyez vraiment maudit, on commence par gagner. Un peu certes en valeur absolu (je n'ai pas non plus misé toute ma fortune) mais si l'on regarde en valeur relative, cela donne le vertige. En une semaine, j'ai dépassé les 100% de gains sans m'attarder particulièrement sur l'analyse des devises et des événements de la journée.

Un coup j'achète, un coup je vends selon mon humeur, une fois qu'on clique, on voit tout de suite une case plus-value qui s'affole et en quelques minutes, on se retrouve plus ou moins riche de centaines de dollars (quand on gagne, ça donne vraiment la pêche le matin, en tout cas beaucoup plus que le café).

Et puis, en quatre ou cinq coups, la catastrophe : game over. Mes 100% de gains, je les ai pulvérisé en 10 minutes (pour une première perte, la journée a été dure). Bref, le vent a tourné et impossible de me refaire. Vous vous dites que j'aurai du analyser ce marché plus attentivement et ne pas me lancer au hasard, mais toute analyse me semble très difficile à mener étant donné que tout va très vite et que chaque information se retrouve dans le cours avant même que vous en ayez eu connaissance.

Avec du recul, j'apparente ce genre de transaction à du casino, du moins pour nous pauvres petits particuliers. En effet, un soir on rentre plein d'espoir dans un casino en se disant qu'on se limite par exemple à 100 euros pour la soirée. On perd un peu, et puis bingo on commence à accumuler : 150, 180, 200... On y croit, le coeur palpite et puis... au bout de deux à trois heures, on a tout grillé, du moins 95 % d'entre-nous. J'ai d'ailleurs retrouvé ce chiffre sur un article (95% Losser + 5% Winner = Forex) plus tard : 95% des particuliers qui tradent sur ce marché auraient perdu toute leur mise de départ au bout de trois mois.

Alors toujours prêts à tenter votre chance ? Je suis sûr qu'il y aura toujours des sites pour vous vendre des solutions miracles pour contrôler vos émotions et faire partie des 5%. Si j'étais vous, je monterais plutôt une plate-forme de Forex...

E.B. // Moneyzine